Gravé dans la roche : le stade de Braga

Il s’agit de l’un des stades les plus spectaculaires du monde, doté de deux tribunes latérales. Il fut construit dans la roche : en effet, ses deux extrémités sont le flanc de la colline. Il est aussi doté d’un toit qui permet d’attirer la lumière naturelle pour alimenter la pelouse.

En octobre 1999, l’UEFA se réunit pour choisir le pays organisateur de l’Euro 2004. Trois candidatures sont en lice : l’Espagne, qui s’est manifestée dès 1996, l’Autriche et la Hongrie, qui se sont lancées dans la course en 1997, et le Portugal, candidat depuis 1998. Avec leur projet de 10 stades pour accueillir le tournoi continental, les Lusitaniens sont choisis par l’UEFA.

Reste que ces 10 stades, le Portugal ne les a pas encore, ou pas tout à fait. Sept stades doivent être construits, parmi lesquels le stade municipal de Braga. Forte de ses 30 286 places, la nouvelle enceinte est vouée à remplacer l’estadio Primero de Maio, utilisé depuis 1950 et comptant 28 000 places, mais qui commence à sérieusement se dégrader dans les années 90.

L’emplacement du nouveau stade est rapidement trouvé : il sera au cœur d’une ancienne carrière, inutilisée depuis de nombreuses années. L’architecte Eduardo Souto de Moura, qui a déjà travaillé dans certains quartiers de la ville, est chargé par les organisateurs de donner forme à la nouvelle enceinte

UNE CONSTRUCTION HORS DU COMMUN

La construction du stade est plus complexe qu’elle n’y paraît. Le projet, développé en 2000, consiste à intégrer l’enceinte au site sur lequel elle est construite. Il ne s’agit donc pas simplement de bâtir des tribunes autour d’un rectangle de gazon, et Eduardo Souto de Moura et son équipe décident d’utiliser la carrière comme socle de base pour la construction du terrain (qui est en fait le toit d’un long bâtiment de deux étages), mais aussi pour les fondations de la tribune Ouest.

La principale falaise de la carrière est gardée en l’état autant que possible. Aucune tribune ne la cache et elle est simplement équipée d’un écran géant indiquant le score de la rencontre. Il n’y a pas de virage en face d’elle non plus, lui permettant de dominer tout l’espace jusqu’au parking du stade. Seul inconvénient : cela complique la tâche des ramasseurs de balle en cas de frappe dévissée.

Les deux tribunes, de deux étages et un peu plus de 15000 places chacune, partagent une autre particularité : elles sont reliées l’une à l’autre par le toit, qui est lui aussi atypique. Toujours dans le souci d’intégrer le plus possible le stade à son environnement, mais aussi afin de maximiser l’ensoleillement de la pelouse, l’architecte a souhaité construire un toit aussi restreint et léger que possible. Les deux tribunes sont ainsi reliées par des câbles en acier inspirés des ponts suspendus des Incas. Sur ces câbles sont fixées des dalles qui permettent de protéger les tribunes des intempéries.

Chef-d’œuvre technique, ce nouveau stade est classé au patrimoine portugais dès 2005. Il est récompensé d’un Chicago Athenaeum International Architecture Award en 2006 et vaut à son architecte un prestigieux Pritzker Prize (la plus haute distinction de la profession) en 2011.

Depuis sa construction, le stade municipal peine à se remplir. Il n’a jamais été à guichets fermés pour les matchs de championnat. Son affluence moyenne varie du simple au double, entre 7473 spectateurs pour la saison 2019-2020 et 15632 en 2007-2008. Loin, très loin des 30000 et quelques places prévues.